Orienter, soulager, documenter

Conseil de premier recours

Le Colloque 2020 du Comité pour la valorisation de l’acte officinal (CVAO) sur « Le conseil de premier recours à l’officine » a ouvert le débat entre professionnels de santé autour de propositions pour l’encadrer.

Publié le 08 décembre 2020

Orienter, soulager, documenter

Susciter la réflexion autour de l’exercice du métier de pharmacien, c’est l’objectif du Comité pour la valorisation de l’acte officinal (CVAO). Pour preuve encore une fois, le sujet de son Colloque 2020* sur « Le conseil de premier recours à l’officine ». Jean Michel Mrozovski, président du CVAO, en donne la définition : il consiste « pour le pharmacien et son équipe, à orienter vers un avis médical si nécessaire et/ou à soulager en permettant l’accès à des thérapeutiques validées et si possible à rassurer, puis à documenter son action afin d’améliorer sa pratique et de transmettre si nécessaire les informations les plus pertinentes aux autres acteurs de santé ». Tout un programme débattu au cours de tables-rondes avec différents acteurs de la santé. Des échanges éclairés par les résultats d’une enquête menée pour l’occasion par l’association PHSQ (Pharma Système Qualité) du 13 au 20 octobre 2020 auprès de 288 pharmacies adhérentes. Plus de 70% d’entre elles subissent l’impact de la désertification médicale. Neuf pharmaciens sur dix estiment être souvent la première structure interrogée par les patients pour un problème de santé.  En cas de problème de santé, les patients de l’officine bénéficient, dans l’ordre de fréquence, de l’automédication, d’une prise en charge par un médecin généraliste ou par les urgences. Les trois premières qualités nécessaires au conseil citées sont l’écoute, la capacité à détecter des signaux d’alerte et l’orientation vers un avis médical si nécessaire. « Les officinaux interrogés reconnaissent avoir parfois du mal à détecter un signal d’alerte. Il est difficile d’homogénéiser la prise en charge de premier recours au niveau national, et même au sein d’une même équipe officinale, constate Laetitia Henin-Hible, présidente de PHSQ. Il est nécessaire d’accompagner les pharmaciens dans la mise en place de process, de la traçabilité et de la sécurisation des actes de premier recours ».

Le CVAO et l’Anepf formulent donc cinq propositions pour concrétiser la mise en œuvre de l’acte de conseil de premier recours.
• Établir la liste des demandes sans ordonnance ou requêtes primaires en différenciant demande d’un produit (un tiers des demandes selon l’Afipa) et plainte afin d’objectiver le travail officinal.
• Organiser une classification des différentes requêtes selon les symptômes énoncés ou détectés, les conditions de survenue ou encore la localisation de l’affection et le degré d’urgence… En effet, près de 85% des étudiants aspirent à pouvoir s’appuyer sur un répertoire des requêtes, selon une enquête de l’Anepf  menée au printemps et citée Valentin Legrand-Sourdillon, vice-président en charge des perspectives professionnelles.
• Faciliter la documentation et l’information des autres acteurs de soins lorsque le pharmacien choisit d’orienter.
• Créer un code acte pour les principales prises en charge, favoriser la création d’un centre de collecte de l’ensemble des actes d’orientation et déterminer les critères d’accès à un honoraire d’orientation.
• Définir dans un premier temps avec un collège médecins – pharmaciens la nature et la pertinence des informations à communiquer, organiser un accueil dans les officines pour évaluer et/ou sécuriser la prise en charge des symptômes ou syndromes considérés comme non urgent et/ou passagers.
Des pistes qui alimentent la réflexion des syndicats et des acteurs de l’interprofessionnalité.  La prochaine étape : organiser des Etats généraux du premier recours pour échanger et valider des actions concrètes autour de ces propositions.
*Organisé avec l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf), il s’est déroulé en visioconférence les 23 et 26 novembre derniers.

Juliette Schenckéry