Les officinaux sondés par Pharmed Insight

Epidémie à Coronavirus

Pharmed Insight a procédé à deux nouvelles vagues de sondage auprès des officinaux, après une première mi-mars 2020. Ils décrivent comment ils vivent la crise sanitaire du Covid-19. Résultats.

Publié le 28 avril 2020

Les officinaux sondés par Pharmed Insight

La deuxième salve de questions a fait intervenir 130 titulaires d’officines de toutes typologies et réparties sur l’ensemble du territoire français entre le 20 mars et le 3 avril 2020, à partir de la deuxième semaine de confinement.
Moins paniqués que lors de la première enquête les patients restent dans l’incertitude (44% des réponses versus 41%) et ont soif d’explications (32% vs 24). Ils redoutent principalement d’être contaminés et une pénurie de traitements. Les trois premières raisons de la venue des patients à l’officine au début du confinement sont, dans l’ordre, le renouvellement classique d’une ordonnance puis l’achat de paracétamol et de thermomètre. Plus de neuf pharmaciens interrogés sur dix soutiennent la mesure de rationnement de délivrance de paracétamol sans ordonnance.
Plus d’un titulaire sur deux déclare subir des ruptures de spécialités sur ordonnance et presque un tiers ne s’estime pas suffisamment informé à ce sujet. Sept officines sur dix continuent de vendre des produits de parapharmacie.
Concernant l’organisation de l’officine, 93% ont mis en place des mesures de gestion de flux des patients : marquage au sol, parcours balisé, filtre à l’entrée pour limiter le nombre de personnes dans la surface de vente…
Mi-mars, des membres de l’équipe étaient en arrêt dans 40% des officines.
Parmi les besoins exprimés, les officinaux attendent des informations et des échanges avec leurs confrères, de pouvoir embaucher, du matériel de protection pour les collaborateurs… et pour les patients.

La troisième vague de cette étude qualitative s’est déroulée du 6 au 10 avril, soit la quatrième semaine de confinement, dans 200 officines. Elle s’est penchée sur la baisse de la fréquentation, l’impact sur le chiffre d’affaires et l’organisation interne de l’officine.
La fréquentation a baissé dans 91% des pharmacies interrogées. Plus d’une officine sur deux a réduit ses horaires d’ouverture. Et 87% ont observé une diminution du chiffre d’affaires (entre 10 et 30% pour 58% des pharmaciens, en particulier sur les produits de parapharmacie). Pour accompagner au mieux les patients, 82% des officines ont livré à domicile.
Pourtant, 84% n’ont pas encore mis en place d’activité partielle mais 32% envisagent d’y recourir. En effet, 91% des pharmaciens interrogés sont inquiets d’un impact négatif durable du prolongement du confinement sur l’activité de leur officine.
Parmi les titulaires, 9% ont contracté le Covid-19 et 18% des pharmaciens déclarent qu’un ou plusieurs membres de leur équipe a été infecté. Un tiers des officines ont été confrontées à des problématiques de garde d’enfants.
58% affirment avoir été confrontés à des agressions, verbales dans la moitié des cas, et 48% remarquent une augmentation de ces événements depuis le début du confinement.
85% des pharmaciens soutiennent la mesure d’accueil à la pharmacie des personnes sujettes aux violences conjugales. Mais des réserves sont émises quant à leur manque de formation pour réaliser un accueil adéquat.
La question des masques reste un sujet brûlant cristallisant de nombreuses récriminations : manque de stock pour l’usage des officinaux et de tous les professionnels de santé, oubli des préparateurs, impossibilité de répondre aux demandes des patients… Les pharmaciens ont respecté les procédures de traçabilité, pourtant estimées contraignantes.

J. S.