Qu'est-ce qu'un pharmacien correspondant ?

Exercice professionnel

L’avenant n°19 à la Convention pharmaceutique prévoit l’identification des pharmaciens correspondants auprès de l’Assurance maladie. Les modalités se précisent même si la rémunération et la date de mise en œuvre sont encore en discussion.

Publié le 10 février 2020

Qu’est-ce qu’un pharmacien correspondant ?

Le pharmacien correspondant, déjà évoqué dans la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires) il y a des années, est réapparu dans l’article 28 de la Loi relative à l’organisation et à la transformation du système de santé 2019. Ce statut est prévu dans l’avenant n° 19 signé en novembre par USPO et l’Assurance maladie.
Un pharmacien d’officine peut être désigné comme correspondant par le patient qui informera l’Assurance maladie de son choix. Il assurera cette mission dans le cadre d’un exercice coordonné au sein d’une équipe de soins primaires ou spécialisés, ou d’une CPTS (communauté professionnelle territoriale de santé), d’un centre de santé ou d’une maison de santé, sans nécessité d’un contexte protocolisé, à la demande ou avec l’accord du médecin traitant. Ce statut lui confère la possibilité de renouveler des traitements chroniques ou d’ajuster leur posologie au vu du bilan de médication qu’il a effectué, selon un rythme et des modalités définis par le protocole.

Bien que la loi ait été votée, ses conditions d’application nécessitent encore d’un décret, « dont la signature est prévue à la fin de premier trimestre 2020 après consultation des syndicats », assure Emmanuelle Cohn, directrice adjointe responsable de la qualité et de la sécurité des soins au sein de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) lors de son intervention au cours des 12e Rencontres de l’USPO, le 29 janvier à Paris. « Un système d’échanges d’informations s’organisera entre le pharmacien correspondant et le médecin traitant » indique-t-elle. Elle a détaillé les points qui seront précisés dans ce texte. Le médecin traitant mentionnera sur la prescription l’autorisation de renouvellement par le pharmacien correspondant. Ce renouvellement ne pourra pas excéder 12 mois. Le pharmacien s’engagera à actualiser ses connaissances, sans référence à des exigences de formation établies. Et l’officine devra disposer d’un espace de confidentialité.
De plus, un arrêté précisera la liste des médicaments qui ne seront pas éligibles à ce dispositif comme les antibiotiques ou les traitements de substitution aux opiacés. La question reste posée pour les benzodiazépines et les antidépresseurs.

« Le pharmacien a désormais un rôle prépondérant dans le système de santé, se réjouit Carine Wolf-Thal. Le pharmacien correspondant, dans le cadre d’un exercice coordonné, représente une véritable évolution dans la façon de travailler ». Si tous les acteurs de la profession sont favorables au dispositif sur le principe, reste la question de la rémunération. La ROSP (rémunération sur objectifs de santé publique) n’est pas adaptée selon Philippe Besset, président de la FSPF qui préfèrerait des forfaits par patient. L’Assurance maladie indiquait en novembre 2019 que les montants, modalités et conditions d’éligibilité pour la rémunération des pharmaciens participant à ces dispositions seront fixés par arrêté des ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale dans un délai n’excédant pas trois ans à partir de la publication de la loi.

Juliette Schenckéry