Les éditeurs intègrent le DMP

Logiciels de gestion de l’officine

La pharmacie évolue, les offres des SSII s’adaptent et se diversifient. Après le virage des logiciels métier, elles ont mis le cap sur les innovations numériques dont le Dossier Médical Partagé (DMP).

Publié le 30 avril 2019

Les éditeurs intègrent le DMP

La diversification des solutions apportées par les éditeurs de logiciels de gestion de l’officine (LGO) et la mise au point de nouveaux outils répondent aux enjeux de la mutation du métier d’officinal à la frontière entre la pharmacie d’officine et la pharmacie clinique. A travers leur implication opérationnelle dans la plupart des grands programmes nationaux et territoriaux, les SSII accompagnent l’action gouvernementale en matière de développement numérique au bénéfice d’une optimisation du système de santé et de l’essor de nouvelles pratiques professionnelles.
C’est particulièrement probant sur le déploiement du dossier médical partagé (DMP). Elles ont travaillé à la mise au point de « solutions DMP-compatibles d’accès », c’est-à-dire une solution homologuée qui intègre au moins un des profils DMP « Création et gestion administrative », « Alimentation » et « Consultation », en authentification directe et/ou indirecte, voire, pour certaines sociétés, l’intégration du DMP dans les logiciels métier. « Le site du GIE SESAM-Vitale informe sur les éditeurs de logiciels homologués à créer directement le DMP dans leur logiciel », indique David Derisbourg, responsable marketing LEO Isipharm (CERP Rouen).

Les éditeurs ont été également proposé une intégration des Messageries Sécurisées de Santé (MSSanté) au sein des logiciels de gestion. Et maintenant, les lancements ont pour objectif de déployer la téléconsultation à l’officine, dans le cadre de l’avenant n°15 à la convention pharmaceutique, signé le 6 décembre 2018 par les syndicats FSPF et USPO, et l’Assurance maladie (lire l’encadré).
La création du DMP en accès direct depuis le logiciel métier « DMP-compatible »est le mode le plus adapté et le plus répandu. En pharmacie, 80% des DMP créés le sont avec les lecteurs Kapelse qui sont ceux proposés par les principaux éditeurs du marché officinal (Pharmagest, Smart RX…). Moins répandus, les terminaux lecteurs de cartes SESAM-Vitale, homologués pour la lecture des cartes Vitale et CPS d’Ingenico, possèdent également l’application DMP (lecteur INGE DMP).
N’utilisant aucun de ces deux lecteurs, Winpharma a choisi, au moment du lancement du DMP, le second procédé de création, directement sur le site internet du gouvernement (www.dmp.gouv.fr, rubrique : Accès au DMP), en le mettant dans ses applications.

Les éditeurs de logiciels s’activent maintenant pour avoir une intégration complète du DMP dans le LGO. Denis Supplisson, directeur général délégué à la direction division pharmacie Europe de Pharmagest et vice-président de la Fédération des éditeurs d’informatique médicale et paramédicale ambulatoire (FEIMA), explique pourquoi le DMP n’a pas pu être intégré dans les LGO pour le 6 novembre 2018, date officielle de son lancement par l’Assurance Maladie : « Les éditeurs n’étaient pas en mesure d’intégrer le DMP à leur LGO tant que les interfaces de programmation (API) de la CNAM et numéros d’inscription au répertoire de la sécurité sociale (NIR) n’étaient pas mis à leur disposition. Un accord avec Nicolas Revel, directeur de la CNAM, avait prévu qu’il n’y aurait pas d’intégration possible tant que les connecteurs permettant la liaison avec les bases de données de l’Assurance maladie n’étaient pas autorisés par la CNIL. Cela a été chose faite en mai 2018 et c’est à partir de cette date que nous avons pu commencer à travailler à l’intégration du DMP au LGO. » Parmi les éditeurs de LGO membres de la FEIMA, on peut citer Pharmagest, Smart-RX, Caduciel informatique et Isipharm Astera.
Léo 2.0 a été précurseur. « Isipharm est le premier éditeur à avoir complètement intégré le DMP dans son logiciel Léo dès le 29 octobre 2018 », souligne David Derisbourg. Certains acteurs sont en cours de déploiement d’une solution totalement intégrée, à l’image de Caduciel informatique et de Winpharma dont la certification « DMP compatible » est prévue en avril. « Le contenu du DMP est affiché directement dans Winpharma depuis sa source, sans passer par les navigateurs Internet et sans avoir à investir dans du matériel spécifique et coûteux », précise Camille Girard, du service marketing et communication de Winpharma. L’affichage est très visuel. En facturation, un picto DMP de couleur à l’écran indique à l’opérateur si un DMP existe ou non pour le patient.

 

Vers des consultations du DMP multipostes

Les consultations et alimentations du DMP font partiedes développements en cours. Les syndicats ont indiqué lors de la commission paritaire nationale du 14 mars 2019 qu’ils travaillent avec la CNAM, la CNIL et les éditeurs de logiciels pour que les pharmaciens puissent consulter les DMP sur chaque poste de dispensation. « Au niveau de la FEIMA, nous travaillons sur la possibilité de créer des DMP depuis tous les postes de travail de la pharmacie, c’est-à-dire pouvoir ouvrir des DMP au comptoir a minima avec les CPE (carte professionnelle d’établissement) de façon à s’affranchir de la CPS (carte professionnelle de santé) et éviter ainsi des situations d’encombrement lors de la consultation des DMP dans les officines multipostes », détaille Denis Supplisson qui ajoute « en ce qui concerne Pharmagest, les développements et travaux d’intégration démarreront dès que l’Assurance maladie aura pris la décision d’y aller ».
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Pierre Botrel