« Des stages mieux ciblés »
Grand Entretien 2.0
L’Association des étudiants en pharmacie de France (Anepf) a renouvelé l’enquête déjà menée en 2014 auprès de 3250 étudiants en pharmacie. Ce Grand Entretien 2.0 s’appuie sur 4800 réponses recueillies de février à avril 2017.
Résultats et analyse avec Antoine Soula, vice-président en charge de l’enseignement supérieur et étudiant de 4e année à Montpellier.
Pourquoi mener une telle étude ? A quoi servent ces résultats ?
Antoine Soula
Nous pouvons ainsi observer les conditions de vie et d’études de l’ensemble des étudiants, et en apprécier l’évolution en trois ans. Ces données nous aident à orienter nos actions vers des solutions concrètes et adaptées. Résultats et analyses sont portées à la connaissance des instances professionnelles, ministérielles et universitaires et sont accessibles à tous sur notre site anepf.org. De plus nous avons développé une appli qui permet de détailler les chiffres pour chaque UFR, comparativement aux résultats nationaux. Un outil précieux aussi bien pour les associations estudiantines que pour les doyens dans les négociations locales, les évolutions pédagogiques, les demandes concernant les résidences étudiantes…
Quels sont les principaux enseignements du Grand Entretien 2.0 ?
La Paces* a vraiment été néfaste au positionnement de la filière pharmacie. Le choix de celle-ci en première intention a diminué de plus de 15% en 3 ans (de 67 à 48% des étudiants). La vraie question est celle de l’orientation des étudiants. Nous nous félicitons de la réforme des études de santé récemment annoncée avec la suppression de la Paces mais nous resterons attentifs à la qualité de l’information, en particulier auprès des lycéens pour présenter toutes les facettes du métier de pharmacien.
Autre résultat marquant : les étudiants désertent de plus en plus les cours magistraux, 18% de plus n’y vont pas. Les raisons invoquées ? Ce temps est utilisé pour du travail personnel lié aux études (67%), la motivation manque (51%), il existe des alternatives à la présence en cours (48%). En revanche, les étudiants sont demandeurs d’enseignements dirigés et pratiques et de stages plus nombreux et plus ciblés. Ils plébiscitent également le contrôle continu, en plus des examens.
Enfin, il est à noter qu’énormément d’étudiants en pharmacie sont salariés, pour des temps de travail très variable, pendant leurs études : 66% en 2017. Même si l’acquisition d’une expérience professionnelle est une des principales raisons, 68% des étudiants améliorent ainsi leur niveau de vie et 34% disent financer leurs études.
Cela vous conforte-t-il dans vos revendications et propositions pour la réforme des études de santé ?
En effet, la réforme des études en cours prévoit un stage réduit à 4 semaines en 2e année avec une redéfinition de ses objectifs. Celui-ci est mis en place dès cette année (les arrêtés sont en cours de parution). Les stages de 3e et 4e années pourront durer plus de deux semaines, selon l’organisation de chaque UFR. Enfin le 3e cycle évolue également avec en particulier un allongement du stage de 6e année pour les officinaux et une révision de la rémunération, en cours de négociation avec les différents intervenants.
Quels autres projets soutenez-vous ?
Outre la finalisation de la réforme du 3e cycle, nous militons pour faciliter la mobilité internationale au cours de nos études. Nous souhaitons également créer une bourse de l’Anepf pour aider des étudiants en difficulté. Tous ces résultats nous donnent une impulsion nouvelle.
Une troisième version du Grand Entretien devrait voir le jour d’ici 2 ou 3 ans.
*Première année commune des études de santé
Les étudiants en chiffres : 2017 vs 2014
- Toujours une majorité d’étudiantes : 67% vs 66%
- Ils choisissent moins pharma en première intention : 48% vs 67%
- Ils assistent peu aux cours magistraux. Certains n’y vont jamais : 31% vs 13%
- Ils sont de plus en plus nombreux à avoir une activité rémunérée extra-universitaire. 66% vs 53%
Source : Le Grand Entretien et 2.0, Anepf, www.anepf.org