Téléconsultation à l’officine : comment se lancer ? Guide pratique

Quelle offre prendre ?

  • Une console ou un ordinateur doté d’une webcam, couplé avec des objets connectés (stéthoscope, tensiomètre, otoscope, thermomètre, oxymètre…).
  • Une borne de téléconsultation qui intègre l’ordinateur et les objets connectés dans un meuble compact.
  • Une cabine de téléconsultation complètement fermée, comprenant les mêmes outils connectés qu’une borne (et davantage dans les cabines haut de gamme), donne la possibilité au patient de s’isoler et d’être autonome. Elle nécessite d’avoir un espace suffisant. Le choix du matériel est guidé par la typologie et la fréquentation de l’officine. Selon un rapport de la Cour des comptes publié en avril 2025, le profil type de l’utilisateur est jeune, urbain, résidant souvent en Île-de-France. C’est, en effet, dans cette région que le recours à la téléconsultation est le plus répandu. Une solution souple et peu gourmande en m² (borne de faible encombrement ou console) convient parfaitement aux petites officines en général, en particulier franciliennes et parisiennes, qui veulent aller au plus simple, sans trop investir d’emblée. Les pharmacies qui disposent à la fois d’un bel espace et d’une forte fréquentation, notamment celles de centre commercial, sont plus prédisposées à s’équiper d’une cabine. Tessan, l’un des acteurs du marché, estime qu’à partir de 150 passages par jour et au-delà de 100 m², la cabine est plutôt conseillée ; autour de 100 passages, plutôt la borne et en dessous de ce seuil, la console.

Cabine Phénix de Medadom

Les recommandations de la HAS

Les bornes ou cabines doivent être implantées dans un espace calme, lumineux et isolé, respectant la confidentialité des échanges entre le patient et le professionnel médical.

Cabine Slim de Tessan

La pharmacie doit disposer d’une zone d’attente dédiée ainsi qu’une personne, professionnel de santé ou non, formée aux règles de confidentialité, aux droits du patient et à l’utilisation de l’équipement et des dispositifs médicaux connectés (tensiomètre, par exemple) pour accueillir et accompagner le patient.

Un investissement rentable ?

Les tarifs auprès des prestataires (Medadom, Tessan, Maiia, Qare…) varient selon la solution et l’équipement choisis (entre 400 et 550 €/mois pour une cabine, entre 200 et 280 €/mois pour une borne, entre 99 et 200 €/mois pour une console). Ces tarifs (hors abonnement Doctolib) peuvent être plus bas dans le cadre de partenariats passés avec des groupements. En moyenne, les officines proposant ce service effectuent 218 téléconsultations par an*. À ce stade, les retours d’expériences des pharmaciens proposant un service de téléconsultation sont unanimes : il n’est pas rentable, sauf à faire beaucoup d’actes, à un niveau quasi-industriel. Proposer ce service permet de gagner quelques patients et d’en fidéliser d’autres.

Une offre concentrée, des innovations récentes

L’offre s’est concentrée et affinée au fil du temps. En particulier, au niveau de l’éventail des configurations techniques. Ainsi, par exemple, Medadom qui équipe aujourd’hui environ 80 % des pharmacies, a lancé en octobre 2024 une nouvelle cabine de téléconsultation très compacte (H : 2,18 m, l : 1,15 m), baptisée Phénix, qui, avec moins d’un m² d’occupation au sol, peut trouver sa place dans les toutes les pharmacies, quelle que soit leur taille ou leur configuration. Installation garantie en 30 minutes. Parallèlement, Tessan a lancé une cabine de téléconsultation augmentée équipée de 6 dispositifs médicaux connectée et pouvant accueillir jusqu’à 3 personnes. Hors les murs de l’officine, la Box Médicale est un cabinet médical de 15 m², autonome et connecté aux professionnels de santé, équipé de matériel de consultation Medadom ou Tessan. Si le pharmacien dispose d’un espace extérieur suffisant et d’un budget de 39 k€, cette alternative ouverte 7j/7 lui évite de mobiliser un espace dans l’officine.

Rémunération et coûts ?

• La première année de mise en œuvre de la téléconsultation en officine : perception d’un forfait de 1 225 € TTC pour l’équipement par l’Assurance-Maladie.

• Aide conventionnelle à l’accompagnement du patient : montant forfaitaire limité à 750 € TTC, pour 145 téléconsultations. En deçà de ce seuil, rémunération de 25 € par tranche de 5 téléconsultations. Attention : les dépassements d’honoraires ne sont pas autorisés !

• En plus des forfaits versés par l’assurance-maladie, certaines ARS soutiennent financièrement des expérimentations visant à favoriser l’assistance à la téléconsultation.

• Coût moyen d’une téléconsultation assistée en pharmacie de 4 € en 2023 (source : rapport de la Cour des comptes).

Les clés pour se lancer

• Identifier le type de patientèle qui utilisera la téléconsultation (jeunes, personnes âgées), donc le niveau d’accompagnement à fournir (téléconsultation assistée) et d’organisation du travail à modifier.

•Estimer le potentiel de sa pharmacie (près d’un Français sur deux a eu recours à la téléconsultation en 2024, dont 94 % via un appareil personnel : ordinateur, téléphone, tablette, source : Qare).

• Vérifier au niveau de la société de téléconsultation son agrément et qu’elle respecte le référentiel de l’Assurance Maladie (décret publié au JO du 1er mars 2024 : salariat des médecins sur 20 % de leur temps de travail, application des tarifs conventionnés en secteur 1, interopérabilité de leur système, sécurisation des données patients, etc.). Mise-t-elle sur la territorialité pour construire son réseau de médecins partenaires des officines ? Intègre-t-elle des médecins de proximité disponibles appartenant à l’écosystème de l’officine ? Outre la téléconsultation, son offre inclut-elle la gestion de l’agenda officinal, la prise de rendez-vous en ligne, l’aide au référencement et la messagerie instantanée ?

• Payer un abonnement chez Doctolib pour que la pharmacie soit référencée.

• Faire connaître son service aux médecins des alentours pour les inciter à pratiquer la téléconsultation.