HPV à l’officine : guide pratique
Le papillomavirus : contagiosité, symptômes et risques
L’impact des HPV en France
Chaque année, les HPV sont responsables de 6 300 nouveaux cas de cancers en France. Parmi eux, 3 800 sont des cancers du col de l’utérus, 1 460 des cancers de l’anus, 1 680 des cancers des VADS, 190 des cancers de la vulve et 90 des cancers du pénis. En outre, on dénombre 35 000 cas de lésions précancéreuses et 100 000 condylomes.
Cancers liés aux papillomavirus humains
Près d’un tiers de ces cancers HPV-induits touche les hommes, soulignant l’importance d’une couverture vaccinale étendue. En réponse, la France a élargi, en 2021, les recommandations vaccinales aux garçons, adoptant le même schéma que pour les filles : deux doses pour les 11-14 ans, un rattrapage en trois doses pour les 15-19 ans, et une extension jusqu’à 26 ans pour les HSH.
Contagiosité
Le HPV est essentiellement transmis par contact direct avec la peau ou les muqueuses, lors de rapports sexuels (génitaux, oraux, anaux). Cette grande facilité de transmission explique que la majorité des individus contractent une infection à HPV au cours de leur vie. Même si la plupart des infections demeurent asymptomatiques et régressent spontanément, certaines persistent et peuvent entraîner des lésions graves.
Classification et implications cliniques
Les HPV se classifient selon leur tropisme, cutané ou muqueux, et leur potentiel oncogène, distinguant ainsi les HPV à bas risque et à haut risque cancérogène. Les HPV à tropisme cutané peuvent provoquer des verrues plantaires ou évoluer vers un carcinome spinocellulaire, un cancer de la peau. La majorité des infections par HPV restent asymptomatiques, mais certaines peuvent altérer le cycle cellulaire des épithéliums, entraînant des tumeurs bénignes ou malignes. Du côté muqueux, les HPV de bas risque, tels que les types 6 et 11, sont responsables de verrues génitales et de condylomes, traitables par laser, chirurgie ou imiquimod (Aldara®), un traitement local à activité antitumorale. En revanche, les HPV de haut risque (types 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58), sont associés à des lésions précancéreuses pouvant évoluer en cancers des voies génitales, ORL et aéro-digestives supérieures, nécessitant souvent des traitements combinés.
L’intérêt de la vaccination
La vaccination anti-HPV vise à réduire significativement le risque de développer des lésions pré-cancéreuses et cancéreuses ultérieures. En effet, le Gardasil® 9 cible 9 types de papillomavirus, dont les plus oncogènes. Il permet :
- Une protection directe : en évitant l’infection, on prévient l’apparition de lésions précancéreuses qui pourraient évoluer vers un cancer du col de l’utérus, mais aussi d’autres cancers liés au HPV (oropharyngés, anaux, péniens…).
- Une protection indirecte : la vaccination massive d’une population réduit la circulation du virus, protégeant ainsi les individus non vaccinés (effet « cocon »).
- Un impact sur le long terme : les données de pharmacovigilance et d’études de suivi à grande échelle confirment l’efficacité durable de la vaccination.
Le vaccin Cervarix®, qui protège contre 2 souches de HPV, n’est plus recommandé. Ce dernier ne doit être utilisé que si la vaccination a déjà été initiée avec celui-ci et uniquement chez les filles.
Qui vacciner ?
En France, la vaccination contre le HPV est recommandée dès 11 ans, tant pour les filles que pour les garçons, et peut être réalisée jusqu’à l’âge de 19 ans, et jusqu’à l’âge de 26 ans pour les HSH.
Autorisation parentale ?
Pour vacciner un mineur, l’autorisation parentale est requise. En pratique, il est conseillé que l’un des titulaires de l’autorité parentale accompagne l’adolescent lors de la vaccination. En revanche, la loi permet à un mineur de plus de 16 ans de consentir seul à des soins préventifs, incluant la vaccination.
Un schéma vaccinal simplifié
Le principal vaccin utilisé actuellement contre le HPV en France est le Gardasil® 9. Il couvre neuf types de papillomavirus (dont 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58), incluant les plus fréquemment impliqués dans les lésions cancéreuses.
- Avant 15 ans : le schéma recommandé comporte deux doses, à 6 mois d’intervalle (0, puis 6 mois).
- À partir de 15 ans : trois doses sont nécessaires (0, 2 mois, 6 mois), car la réponse immunitaire nécessite un renforcement supplémentaire.
En cas de retard, la poursuite du schéma doit être adaptée en fonction du nombre de doses déjà reçues et de l’âge.
HPV et SEP : un lien ?
Une large étude menée par l’ANSM a examiné la survenue de quatorze maladies auto-immunes chez 2,2 millions de jeunes filles âgées de 13 à 16 ans, incluant les affections démyélinisantes du système nerveux central qui suscitaient des inquiétudes. Les résultats ont démontré que douze de ces maladies, y compris l’hypothèse d’un surrisque de sclérose en plaques (SEP), ont été complètement écartées. Ces données solides confirment l’innocuité du vaccin HPV et réfutent tout lien avec les maladies auto-immunes.