Pharmacies en danger : l’USPO interpelle le Premier ministre dans une lettre ouverte

« Une décision incompréhensible »

Pour l’USPO, la crise actuelle trouve son origine dans l’industrie du générique, « largement financiarisée et contrôlée par des multinationales et des fonds d’investissement étrangers ». Pourtant, c’est bien aux pharmacies que l’État demande un effort. « Plutôt que d’augmenter le prix des médicaments, le Gouvernement a choisi de prendre dans la poche des 20 000 pharmacies de métropole et des DROM, de leurs 146 000 salariés et, in fine, d’impacter leurs patients », souligne Pierre-Olivier Variot.

« Après les déserts médicaux et la pénurie de médicaments, c’est désormais le spectre des déserts pharmaceutiques qui se dessine. »

Le risque d’un effondrement du maillage officinal

La France a déjà perdu près de 2 000 officines en dix ans, dont 400 sur la seule année écoulée. Une hémorragie qui pourrait s’accélérer. « Bientôt, notre pays passera sous la moyenne européenne en nombre d’officines par habitant », alerte la lettre. Or, le réseau officinal est un maillon clé de l’accès aux soins, en particulier dans les zones rurales et périurbaines déjà fragilisées par la désertification médicale.

Une mobilisation inédite

L’ampleur de la réaction témoigne de la gravité de la situation : élus de tous bords, anciens ministres de la Santé, un ancien Président de la République, mais aussi des centaines de milliers de citoyens mobilisés via une pétition. La journée du 16 août a constitué un tournant, avec des fermetures massives d’officines et un fort soutien de la population.

« Ce n’est pas seulement l’avenir de nos pharmacies qui est en jeu, mais la santé de nos concitoyens et la cohésion de nos territoires. »

Des conséquences dès le 1er septembre

L’USPO prévient : les répercussions de l’arrêté se feront sentir sans délai. Certaines pharmacies fermeront leurs portes. D’autres seront contraintes d’abandonner des missions non financées mais essentielles, telles que :

  • la préparation des piluliers pour les EHPAD,

  • la prise de tension gratuite,

  • la réception et le stockage des prélèvements biologiques dans les territoires isolés.

Autant de services de proximité qui participent à la continuité des soins mais risquent de disparaître faute de moyens.

Un appel solennel au Gouvernement

Face à ce constat, Pierre-Olivier Variot réclame la suspension immédiate de l’arrêté et l’ouverture d’une négociation conventionnelle avec l’Assurance Maladie. L’objectif : construire un plan pluriannuel de financement pérenne du réseau officinal. « Il s’agit d’une politique court-termiste, guidée par le ministère de l’Industrie au détriment du ministère de la Santé », regrette-t-il.

Pour l’USPO, l’heure n’est plus aux compromis : il s’agit désormais de défendre un droit fondamental, celui d’accéder à une pharmacie de proximité partout sur le territoire.