Chiffres clés du secteur pharmaceutique : ce qu’il faut retenir de 2024
Lors du webinaire du 15 janvier 2024, animé par Patrick Oscar, Délégué général du CIE Gers, et David Syr, Directeur général de Gers Data, les chiffres clés du secteur pharmaceutique en 2024 ont été dévoilés. Si le chiffre d’affaires des pharmacies affiche une forte progression, certaines tendances rappellent les difficultés auxquelles le secteur doit faire face.
Une hausse significative du chiffre d’affaires, mais des fermetures persistantes
En 2024, le chiffre d’affaires des pharmacies a augmenté de 29 %, représentant une hausse d’environ 10 milliards d’euros par rapport à 2023. Cette croissance est en grande partie due aux médicaments onéreux, qui ont progressé de 4,5 % pour atteindre un CA PFHT de 5 698 millions d’euros. Pourtant, malgré cette embellie, le secteur reste sous pression avec une fermeture quotidienne d’officines les jours ouvrés, soit 290 pharmacies en moins sur l’année.
Certaines régions, comme la Bourgogne et l’Auvergne, continuent de subir des pertes significatives, alors que l’Alsace, la PACA et le Languedoc résistent mieux.
Le médicament remboursable, un pilier sous tension
Les médicaments remboursables représentent 70 % du CA des officines en 2024, avec une clause de sauvegarde estimée entre 2 et 2,2 milliards d’euros. Cependant, la croissance des volumes reste faible, en raison notamment de la diminution des ventes de produits de contraste, passés du circuit officinal à l’approvisionnement direct par les cabinets de radiologie.
Les baisses de prix ont permis à la Sécurité sociale de réaliser une économie brute de 858 millions d’euros en officine et de 502 millions d’euros à l’hôpital. Parallèlement, certaines classes EphMRA enregistrent des augmentations marquantes, notamment les antagonistes hormonaux cytostatiques, dont le chiffre d’affaires atteint 997 millions d’euros, soit une progression de 16 %. Parmi les classes contribuant à cette croissance, la catégorie N07X (autres produits du système nerveux central) affiche une hausse notable de 35 %. Enfin, la classe D05X, portée par le succès de l’Opzelura pour le traitement du vitiligo, enregistre une progression impressionnante de 289 %.
La question des ruptures de stocks reste préoccupante. En 2024, plus de 800 références étaient en rupture en fin d’année, confirmant une tendance globale à la hausse observée depuis 2023.
Les nouvelles missions des pharmacies : un levier de croissance
Les nouvelles missions des pharmacies se développent à un rythme soutenu, avec des avancées significatives :
- Vaccination : Une augmentation de 5 points pour la vaccination contre la grippe, avec une participation accrue des pharmacies pour les plus de 65 ans.
- TROD et téléconsultation : 80 % des officines proposent des tests rapides d’orientation diagnostique pour l’angine, tandis que 29 % ont adopté la téléconsultation.
- Entretien pharmaceutique : Une augmentation de 300 % du nombre de pharmacies impliquées montre l’adhésion du secteur à ces nouvelles opportunités.
En outre, la détection du cancer colorectal via des kits est pratiquée par 95 % des officines, témoignant de leur volonté de répondre aux enjeux de santé publique.
Beauté, compléments alimentaires et dispositifs médicaux : des segments porteurs
Le segment de la beauté reste dynamique en pharmacie, malgré un écart qui se résorbe avec la parapharmacie. Avène conserve la première place des laboratoires contributeurs de CA, suivi de près par La Roche-Posay et Caudalie. Sur le marché des compléments alimentaires, la croissance est également au rendez-vous (+7,3 %), portée par des acteurs comme Pileje, leader du marché.
Du côté des dispositifs médicaux, les indicateurs restent au vert, avec notamment une augmentation de 5 % pour les vaccinations en pharmacie. Ce dynamisme conforte le rôle des officines dans la diversification de l’offre de soins.
Objectifs 2025 : vers une prescription plus pertinente
Les objectifs en matière de prescription de médicaments, définis dans la Convention Médicale 2024-2029 signée en juin, visent à renforcer les bonnes pratiques entre les organismes d’assurance maladie et les médecins libéraux. Quatre axes majeurs se distinguent pour 2025 :
- Diminuer les antibiotiques : Une réduction de 10 % du volume des prescriptions est visée d’ici à 2025, avec un objectif à long terme de -25 % en 2027, pour lutter contre l’antibiorésistance. L’année 2024 signe malheureusement une augmentation de 6%.
- Réduire les antalgiques de niveau 2 : Limiter les volumes d’antalgiques de niveau 2 de 10 % d’ici à 2025, avec une baisse déjà amorcée (-2,5 % entre 2023 et 2024).
- Encadrer les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : Restreindre leur utilisation chez l’adulte (-20 %) et limiter les prescriptions aux recommandations de la HAS pour les enfants.
- Favoriser les biosimilaires : Accélérer leur adoption pour améliorer l’efficacité économique et encourager des pratiques plus durables.