Diagnostic de peau à l’officine : guide pratique

Observer, interroger, comprendre : la méthode des trois temps

Le diagnostic de peau ne s’improvise pas : il se construit. D’abord l’observation visuelle, qui oriente le regard vers les zones clés — front, ailes du nez, pommettes, menton. On évalue la brillance (sébum), la granulosité (turn-over cellulaire), les rougeurs (réactivité vasculaire) et la desquamation (barrière altérée). Ensuite vient l’interrogatoire, indispensable pour replacer la peau dans son contexte : quels soins sont utilisés ? Quelle fréquence de nettoyage ? Quelle exposition au stress, aux hormones, à la pollution ? Enfin, le toucher affine la lecture : souplesse, rugosité, chaleur, tiraillement ou excès lipidique sont autant d’indices physiologiques.

Ce triptyque observation–question–palpation permet déjà de distinguer les grands profils :

  • Peau sèche : déficit en lipides épidermiques, barrière fragilisée, inconfort ;

  • Peau grasse : hyperséborrhée oxydative, pores dilatés, teint asphyxié ;

  • Peau mixte : hétérogénéité séborrhéique liée à la densité glandulaire ;

  • Peau sensible : hyperréactivité neuro-immunitaire, picotements, flush ;

  • Peau mature : atrophie du derme, ralentissement de la régénération et perte d’hydratation profonde.

La biologie derrière les signes visibles

Chaque profil reflète un déséquilibre biochimique précis. Une peau sèche traduit souvent une carence en céramides et acides gras essentiels, altérant le ciment intercornéocytaire. La peau grasse, elle, subit l’effet des androgènes sur la glande sébacée, avec oxydation du squalène et micro-inflammation chronique.
Quant à la peau sensible, elle cumule une hyperperception des neuromédiateurs cutanés et une perméabilité excessive : l’eau s’évapore, les agents irritants pénètrent, et le seuil de tolérance chute.
Ce diagnostic biologique aide à justifier le choix des actifs :

  • Humectants (glycérine, acide hyaluronique) pour restaurer le gradient hydrique ;

  • Lipides biomimétiques (céramides, squalane, huiles végétales insaturées) pour renforcer la barrière ;

  • Antioxydants (vitamine C, coenzyme Q10, polyphénols) pour limiter la peroxydation du sébum ;

  • Prébiotiques pour soutenir un microbiote protecteur et réduire les réactions inflammatoires.

C’est dans cette logique qu’émergent des soins hybrides, comme ceux développés par Lavera, qui articulent actifs naturels, biomimétisme lipidique et tolérance physiologique, afin de s’adapter à chaque terrain cutané : ainsi, la Crème de Jour Anti-Rides Q10 Basis Sensitiv de Lavera enrichie en céramides végétales biotechnologiques (ceramide NP) renforce la fonction barrière tout en soutenant l’éclat et la souplesse de la peau.

Faire du diagnostic un acte de conseil structuré

À l’officine, le diagnostic de peau gagne à être ritualisé :

  1. Installer un espace calme, lumière neutre, miroir à hauteur de visage.

  2. Interroger sur les habitudes : nettoyage, maquillage, exposition, tabac, traitements dermatologiques.

  3. Observer les zones séborrhéiques (front, nez, menton) et les zones sèches (joues, tempes).

  4. Palper doucement pour évaluer l’élasticité et la température.

  5. Formuler l’hypothèse physiologique avant de conseiller la routine adaptée.

Le diagnostic est aussi l’occasion d’aborder la pédagogie cosmétique : expliquer pourquoi une peau brillante n’est pas forcément « sale », ou pourquoi une peau sensible doit éviter les nettoyants moussants. Ces échanges renforcent la confiance, fidélisent et permettent de réévaluer les soins lors d’un suivi saisonnier.

Questions clés à poser au comptoir

  1. Comment décririez-vous votre peau au quotidien ?
    (tiraille-t-elle, brille-t-elle, rougit-elle facilement ?)

  2. Quels produits utilisez-vous actuellement ?
    (type de nettoyant, crème, maquillage, fréquence d’application)

  3. Avez-vous déjà ressenti des réactions cutanées ?
    (picotements, rougeurs, sécheresse, boutons, démangeaisons)

  4. Votre peau change-t-elle selon les saisons ou votre cycle hormonal ?
    (permet d’identifier une peau mixte, réactive ou sensible)

  5. Quel est votre environnement habituel ?
    (travail en extérieur, port du masque, climatisation, exposition solaire, pollution)

  6. Prenez-vous un traitement dermatologique ou médicamenteux ?
    (rétinoïdes, corticoïdes, antiacnéiques, contraception, etc.)

  7. Comment nettoyez-vous votre peau et à quelle fréquence ?
    (important pour repérer les causes de déséquilibre du film hydrolipidique)

  8. Votre peau a-t-elle tendance à réagir après le rasage ou le démaquillage ?
    (permet de détecter une hyperréactivité cutanée ou une barrière altérée)

  9. Qu’attendez-vous de votre soin ?
    (hydratation, matité, éclat, anti-âge, apaisement – clé pour cibler la routine adaptée)

Le diagnostic, levier de santé cutanée

Au-delà du type de peau, le diagnostic officinal ouvre la voie à une prévention dermatologique raisonnée. En repérant tôt les signes de déshydratation, d’hyperséborrhée ou d’altération du microbiote, on peut éviter l’évolution vers des pathologies (dermatite, acné, rosacée). C’est aussi un acte de valorisation du métier : un diagnostic juste, argumenté et fondé sur la physiologie renforce la crédibilité scientifique du pharmacien et l’efficacité du conseil.
La peau, organe sensoriel et barrière métabolique, se lit comme un écosystème : à nous de la décoder, pour mieux la protéger.