Génériques : le CEPS acte 198 M€ d’économies, l’officine dénonce une « double peine »

Une décision CEPS lourde de conséquences

Réuni le 18 septembre, le Comité de suivi des génériques (CSG) a débouché sur une décision officielle du CEPS. Celle-ci acte une nouvelle baisse des prix et des TFR dans le répertoire, concernant 52 groupes génériques.

Les deux mesures adoptées sont détaillées dans la note :

  • Mesure n°1 : convergence des prix et TFR vers les prix réellement pratiqués sur le marché. Une amplitude de baisse de 15 % est prévue, sauf pour le groupe rivaroxaban explicitement exclu.

  • Mesure n°2 : convergence des prix des spécialités de référence avec ceux des génériques, avec un plafonnement de l’amplitude des baisses à 30 %.

Le CEPS évalue l’impact de ces baisses à 198 M€ en année pleine, dont 177,3 M€ portés uniquement par les médicaments génériques. La mesure entrera en vigueur dès le 1er octobre 2025.

« Double peine » pour les pharmaciens

Pour l’USPO, cette décision cumule deux coups portés à l’économie officinale :

  • la baisse du plafond des remises (30 % depuis le 1er septembre, trajectoire vers 20 % d’ici 2027),

  • et désormais une baisse massive des prix et TFR décidée par le CEPS.

« Respectant son mandat, le CEPS acte ainsi la double peine pour le réseau officinal, puisque la baisse du plafond des remises génériques s’accompagne en plus d’une baisse de prix des génériques », dénonce l’USPO dans son communiqué.

Le syndicat ajoute que si ses explications ont permis de réduire l’enveloppe initiale de 241,5 M€ à 198 M€, il s’agit malgré tout d’un montant inédit, cinq fois supérieur aux baisses habituelles.

« Coup de massue » et parole non tenue

Le ton est particulièrement sévère :

« Il s’agit d’un coup de massue pour le réseau officinal », écrit l’USPO, rappelant que des contacts ministériels avaient laissé entendre début septembre qu’une mesure limitée à 50 M€ d’économies en fin d’année suffirait.

« Parole étatique non tenue… La désillusion et la mobilisation continuent », poursuit le communiqué.

Même discours du côté de l’UDGPO. Laurent Filoche, son porte-parole, prévient :

« Cette décision occasionnera des pénuries massives et la fermeture de milliers d’officines. Nous appelons à une grève illimitée des pharmacies le mois prochain. »

Un impact économique sans précédent

Pour les officinaux, l’impact est double :

  • marge unitaire en chute : les prix des génériques, déjà comprimés, baissent encore, réduisant les marges de dispensation ;

  • moins de flexibilité commerciale : avec le plafonnement des remises, la possibilité de compenser par des accords commerciaux disparaît.

Selon l’USPO, l’addition est paradoxale :

  • positive pour l’État et les industriels, qui réalisent les économies visées,

  • mais négative pour le réseau officinal, seul à absorber l’essentiel du choc économique.

Des risques de tensions d’approvisionnement

Au-delà de l’équation financière, la question de la disponibilité des médicaments est posée. En imposant une convergence vers les prix « réellement pratiqués », la mesure pourrait pousser certains laboratoires à revoir leur présence sur le marché français.

Résultat redouté : tensions d’approvisionnement sur des molécules essentielles et encore plus de difficultés au comptoir.

Une profession au pied du mur

Cette annonce intervient alors que la profession sort tout juste d’une mobilisation nationale le 18 septembre, largement suivie. Les pancartes dénonçaient déjà le « massacre programmé des officines ». L’annonce du CEPS vient accentuer la colère et l’impression d’abandon.

« L’absence de Gouvernement n’est pas une excuse », souligne l’UDGPO, appelant à une mobilisation politique pour censurer la décision.

Quelles suites ?

  • L’USPO promet de continuer la lutte pour obtenir une révision de la décision, même si elle reconnaît la marge de manœuvre limitée.

  • L’UDGPO appelle déjà à une grève illimitée en octobre, après la grève nationale du 18 septembre.

L’automne s’annonce donc tendu, avec un bras de fer ouvert entre les syndicats et l’État. L’enjeu dépasse la question des marges : il s’agit, insistent les représentants, de l’avenir du réseau officinal et de l’accès aux soins de proximité dans les territoires.

Ce qu’il faut retenir

  • Application au 1er octobre 2025 : mise à jour des prix et TFR indispensable dans les logiciels.

  • 52 groupes génériques concernés, avec baisses jusqu’à 15 % ou 30 %.

  • Impact direct sur la rentabilité : anticiper la gestion des stocks et éviter les surcoûts liés à l’effet décote.

  • Informer les équipes des risques de tension d’approvisionnement et préparer le discours patients en cas de rupture.