Antennes de pharmacie : un remède expérimental aux déserts officinaux

Un modèle sous surveillance : l’expérimentation Article 51

Créé par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018, l’article 51 autorise des expérimentations territoriales innovantes en santé. Parmi elles, figure le dispositif des antennes de pharmacie, qui permet à une officine de rattachement d’ouvrir un point de contact secondaire dans une commune ne disposant plus de pharmacie depuis au moins deux ans, et où aucune nouvelle installation n’a été possible.

Le modèle est dérogatoire : la pharmacie mère conserve sa licence unique, tandis que l’antenne fonctionne sous sa responsabilité, avec un cadre logistique, financier et réglementaire très encadré, sur une durée de trois ans renouvelable.

Des zones rurales sous tension

La baisse continue du nombre d’officines (près de 2 000 fermetures en dix ans) alimente la désertification pharmaceutique. Certaines communes n’ont plus de pharmacien, ni repreneur, ni projet viable à long terme. Dans ces cas extrêmes, le modèle de l’antenne, bien qu’expérimental, apparaît comme une solution d’urgence encadrée.

L’objectif est simple : offrir une présence officinale minimale, centrée sur les services essentiels (délivrance de médicaments, TROD, vaccinations, conseils) dans des territoires isolés, parfois vieillissants, mal desservis par les soins primaires.

Trois nouvelles antennes validées en juin 2025

Le 11 juin 2025, le Comité technique de l’innovation en santé (CTIS) a validé l’ouverture prochaine de trois nouvelles antennes :

  • Puycasquier (Gers)

  • Châteauneuf-de-Randon (Lozère)

  • Crémaux (Loire)

Ces dossiers rejoignent les deux antennes déjà ouvertes à Cozzano (Corse) en juillet 2024 et Coupiac (Aveyron) début juin 2025. Le Centre-Val de Loire accueillera prochainement une sixième antenne à La Chapelle-d’Angillon (Cher), rattachée à la pharmacie d’Henrichemont, distante de 12 km.

La Chapelle-d’Angillon : retour d’un service de proximité

Dans cette commune du Cher privée de pharmacie depuis 2019, l’antenne ouvrira deux demi-journées par semaine (8 heures). Elle proposera :

  • La dispensation de médicaments courants

  • Des TROD angine et cystite

  • Les vaccinations antigrippale et Covid-19

  • La remise des kits de dépistage du cancer colorectal

  • Une offre restreinte mais ciblée en produits conseils (antalgiques, digestifs, soins de base)

L’antenne bénéficiera d’un soutien logistique et financier conséquent :

  • Loyer gratuit pendant trois ans

  • Travaux de rénovation pris en charge par l’État et la commune

  • Subventions issues du Fonds d’innovation en santé (FISS)

Un modèle à suivre ?

Au total, douze antennes sont attendues d’ici 2026 dans six régions pilotes (Corse, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, PACA, Centre-Val de Loire et Bretagne). Un bilan national est prévu fin 2026, sous l’égide du ministère de la Santé. Si les résultats sont concluants, le modèle pourrait être pérennisé et généralisé.

Loin d’être un substitut complet à une officine, l’antenne représente néanmoins un compromis réaliste et pragmatique, dans les cas où aucun autre modèle ne fonctionne.