Génériques : comprendre l’impact de la baisse des remises
Un plafonnement aux conséquences multiples
Actuellement, les remises commerciales sur les médicaments génériques oscillent entre 0 et 40 %, selon les molécules, les volumes écoulés, et les conditions négociées avec les laboratoires ou les grossistes. Le projet gouvernemental visant à abaisser ce plafond à 20 % suscite de nombreuses interrogations sur ses conséquences économiques à l’officine.
Ce plafonnement ne signifie pas pour autant que toutes les remises seront automatiquement fixées à 20 % : il s’agit d’une limite réglementaire, que chaque laboratoire peut choisir d’atteindre… ou non. En pratique, certaines molécules pourraient ainsi passer sous les 20 %, voire descendre à zéro selon les stratégies commerciales mises en œuvre.
Ne pas raisonner ligne par ligne
Certains pharmaciens ont tenté de modéliser eux-mêmes l’impact, en soustrayant simplement 10 ou 20 points de remise sur les lignes concernées. Mais cette approche linéaire est insuffisante. Comme le rappellent plusieurs confrères, la bonne méthode consiste à raisonner en pondéré, c’est-à-dire en tenant compte du volume de ventes de chaque molécule.
Ainsi, une baisse de 20 points sur un générique faiblement vendu n’aura pas le même impact qu’une réduction de 10 points sur une molécule très prescrite. L’effet global dépend donc fortement de la structure du chiffre d’affaires génériques de chaque pharmacie.
Un outil d’estimation individualisé
Pour aider les titulaires à y voir plus clair, un syndicat professionnel a mis en ligne un simulateur personnalisé accessible depuis son portail adhérent. Basé sur les données de facturation réelles, il permet de calculer l’impact économique estimé de cette réforme, pharmacie par pharmacie.
Plusieurs utilisateurs saluent la pertinence de l’outil, soulignant qu’il simplifie l’évaluation des pertes, notamment sur les lignes à fort chiffre d’affaires. Toutefois, certains rappellent qu’il n’intègre pas encore la potentielle baisse des prix des génériques à venir — un paramètre à surveiller de près.
Une double peine pour les officines
En effet, au-delà du plafonnement des remises, un réajustement à la baisse des prix publics de nombreux génériques est aussi pressenti. Cela viendrait accentuer la perte de rentabilité, avec un effet « double peine » redouté par les équipes officinales.
Autrement dit : moins de marge sur les achats, mais aussi moins de marge absolue à la revente. Un scénario qui fragilise d’autant plus les pharmacies les plus dépendantes du chiffre d’affaires généré par les génériques.
Ce qu’il faut retenir
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Le plafond des remises commerciales génériques pourrait être abaissé de 40 % à 20 %.
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Chaque laboratoire reste libre d’appliquer une remise inférieure, dans la limite autorisée.
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Le calcul de perte doit être fait en pondéré, selon les volumes de vente réels.
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Un simulateur de pertes personnalisé est disponible via certaines organisations syndicales.
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Une baisse des prix de vente des génériques pourrait s’ajouter au dispositif, aggravant l’impact.
Pour aller plus loin
Les pharmaciens sont invités à :
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consulter les outils de simulation disponibles auprès de leurs syndicats ;
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analyser leur structure de ventes génériques ;
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adapter leur stratégie d’achats pour préserver la rentabilité ;
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rester vigilants face aux évolutions tarifaires et réglementaires.