Biosimilaires – Enjeux, outils pratiques et perspectives officinales – Interview de Cédric Hofmann, Directeur de la Relation Clients – Teva Santé
Pouvez-vous repréciser ce qu’est un médicament biosimilaire ?
Cédric Hofmann : Un biosimilaire est un médicament biologique, c’est-à-dire produit à partir d’organismes vivants, qui démontre une équivalence en termes de qualité, d’efficacité et de tolérance avec un médicament biologique de référence. Toutefois, en raison de la variabilité inhérente aux procédés biologiques, il ne peut être une copie identique, contrairement aux médicaments génériques issus de la chimie de synthèse, on parle donc d’« équivalent ». Comprendre cette spécificité est essentiel pour le pharmacien afin de pouvoir expliquer sereinement aux patients que le biosimilaire ont prouvé leur efficacité, et leur sécurité par rapport au médicament de référence, bien qu’il ne soit pas une reproduction strictement identique.
Le terme « biosimilaire » peut-il prêter à confusion pour le public ? Aurait-on pu trouver mieux ?
C. H. : Il est vrai que le terme « biosimilaire » peut parfois induire en erreur, notamment en évoquant à tort une parenté avec les produits bio. Cela étant, le terme est scientifiquement juste : « bio » pour rappeler l’origine biologique (organismes vivants) et « similaire » pour souligner l’équivalence thérapeutique. Un terme comme « biogénérique » aurait pu sembler plus intuitif au public, mais aurait occulté la différence de nature entre médicaments chimiques et biologiques.
Quels sont les avantages des biosimilaires pour les patients et pour le système de santé ?
C. H. : Les biosimilaires représentent un bénéfice majeur sur plusieurs plans : ils offrent davantage d’équivalences thérapeutiques, renforcent la sécurité des approvisionnements face aux tensions de stock, permettent de réduire les coûts de traitement, et ainsi libèrent des ressources financières pour soutenir l’innovation médicale. Grâce aux biosimilaires, beaucoup de patients ont accès aux traitements biologiques, en particulier pour les maladies chroniques.
Comment Teva accompagne les pharmaciens pour faciliter la substitution au comptoir ?
C. H. : Notre approche est pragmatique : fournir des supports pédagogiques adaptés pour les pharmaciens et leurs patients, former les équipes via des quiz ludiques, offrir un accès numérique facilité aux informations produit (via PROfficine, un site web contenant des ressources pour accompagner les pharmaciens dans leur pratique quotidienne). Conformément à l’arrêté du 20 février 2025, nous mettons à disposition des dispositifs de démonstration factices des biosimilaires concernés en réponse à toute demande émanant d’un professionnel de santé. Cela permet aux pharmaciens de se sentir plus à l’aise, de mieux informer les patients et de sécuriser la substitution au comptoir.
Quels outils digitaux spécifiques proposez-vous ?
C. H. : Avec notre plateforme Mon-Teva.fr, les pharmaciens peuvent passer des commandes de produits, consulter leurs factures, suivre leur performance de substitution, et accéder rapidement aux informations commerciales. Avec PROfficine, ils disposent aussi d’une base d’informations pour consulter les dispositifs notamment associés aux biosimilaires (stylos, seringues), ce qui est important pour bien conseiller les patients à l’officine.
Quelle est votre stratégie pour éviter les tensions d’approvisionnement sur les biosimilaires ?
C. H. : Nous nous appuyons sur une production majoritairement européenne, des stocks de sécurité renforcés (conformes aux obligations légales), et une logistique optimisée. Nous restons vigilants à anticiper les éventuels reports de prescription en cas de rupture concurrente. Même si le risque zéro n’existe pas, nous mettons tout en œuvre pour assurer une continuité maximale d’approvisionnement en pharmacie, en étant aussi transparents que possible avec nos partenaires officinaux.
Les pharmaciens estiment souvent que la remise sur les biosimilaires est insuffisante. Partagez-vous ce constat ?
C. H. : 2,5 % est en effet une remise très limitée, surtout si on la compare à la remise autorisée pour les génériques. Actuellement, les économies générées par les biosimilaires ne bénéficient que peu aux officines. Il serait pertinent d’élever ce plafond pour reconnaître le travail d’accompagnement réalisé par les équipes officinales. Les syndicats de pharmaciens militent pour un assouplissement.
Les biosimilaires sont-ils plus écologiques que les bioréférents ?
C. H. : Il est difficile de généraliser, car chaque biosimilaire a sa propre chaîne de fabrication. Toutefois, l’industrie pharmaceutique, poussée par des réglementations de plus en plus exigeantes, s’engage fortement dans la réduction de son empreinte environnementale. Chez Teva, nous nous engageons au quotidien pour limiter l’empreinte carbone. Nous venons par ailleurs de publier notre rapport RSE soulignant notamment que nous avons réduit de 29% nos émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2019.
Quelles perspectives voyez-vous pour l’évolution du marché des biosimilaires en officine ?
C. H. : Le champ de la substitution va s’élargir dans les prochaines années. De nouvelles molécules pourraient prochainement être substituables. Cette ouverture progressive permettra de diversifier les équivalences thérapeutiques disponibles et renforcera encore le rôle central du pharmacien dans le parcours de soins.
Avez-vous prévu d’autres initiatives pour sensibiliser le grand public aux biosimilaires ?
C. H. : Oui, nous avons lancé la campagne « Bio Simi Quoi » en pharmacie pour susciter le dialogue entre patients et pharmaciens. De plus, une série de quatre vidéos pédagogiques sera prochainement diffusée sur les réseaux sociaux de Teva Santé, afin de vulgariser et de démocratiser la connaissance des biosimilaires auprès du grand public.
Un dernier message pour les pharmaciens ?
C. H. : Les biosimilaires sont une opportunité de renforcer l’accès aux traitements innovants tout en consolidant la mission de conseil du pharmacien. Chez Teva Santé, nous nous engageons pleinement à les accompagner dans cette transition pour que substitution rime avec confiance et sérénité.
Interview réalisée en avril 2025.
