Prescription des analogues du GLP-1 dans l’obésité : ce que les pharmaciens doivent savoir
Prescription : une nouvelle configuration
Depuis le 23 juin 2025, Les analogues du GLP-1 indiqués dans le traitement de l’obésité peuvent désormais être prescrits, y compris en initiation, par tous les médecins. Cette mesure vise à améliorer la disponibilité à ces traitements, notamment dans les zones où l’accès aux spécialistes en nutrition ou endocrinologie reste limité. Ils demeurent soumis à prescription médicale obligatoire, dans le strict respect de leur autorisation de mise sur le marché (AMM).
Encadrer l’information : que dire aux patients ?
Afin d’assurer une dispensation sécurisée, quelques informations peuvent être mises en avant auprès de vos patients :
- Ces médicaments ne doivent pas être utilisés à des fins esthétiques.
- Ils s’adressent uniquement aux patients avec un IMC ≥30 ou en surpoids avec comorbidités, en cas d’échec d’une prise en charge nutritionnelle.
- Une fois le traitement engagé, il doit être accompagné d’un régime hypocalorique et d’une activité physique, comme le prévoit l’autorisation de mise sur le marché.
Profils de patients à risque : vigilance renforcée
Certains profils justifient une attention particulière lors de la délivrance des analogues du GLP-1 :
- Femmes enceintes ou souhaitant concevoir : les données précliniques indiquent un risque de malformations. Une contraception efficace est recommandée pendant le traitement et jusqu’à deux mois après son arrêt.
- Femmes en âge de procréer : une diminution de l’efficacité des contraceptifs oraux a été signalée avec le tirzépatide (Mounjaro) à l’étranger. Une contraception double peut être envisagée.
- Patients sous traitements oraux à marge thérapeutique étroite : le ralentissement de la vidange gastrique peut réduire l’absorption de certains médicaments (AVK, contraceptifs oraux, etc.).
- Personnes avec antécédents psychiatriques : bien que le lien ne soit pas formellement établi, quelques cas d’idées suicidaires ont été rapportés.
Effets indésirables : les signaux à connaître
La majorité des effets secondaires indésirables rapportés sont digestifs, mais plusieurs signaux de pharmacovigilance appellent une attention particulière :
- Occlusions intestinales
- Pancréatites
- Hypersensibilités (dont angio-œdèmes)
- Troubles de l’humeur (idées suicidaires)
- Risques fœtaux : contraception recommandée pendant et jusqu’à 2 mois après le traitement
Face au mésusage : que faire au comptoir ?
Les pratiques détournées (ordonnances falsifiées, usage hors indication) tendent à se multiplier. En cas de doute :
- Contacter le médecin prescripteur
- Ne pas délivrer le traitement si la prescription paraît frauduleuse
- Signaler le cas au CRPV (Centre Régional de Pharmacovigilance), soit via le portail de déclaration en ligne (https://signalement.social-sante.gouv.fr), soit en contactant directement le CRPV par téléphone ou par mail.
Règles de remboursement
Dans le cadre du traitement de l’obésité seule, les analogues du GLP-1 ne sont pas remboursés en France. Ainsi, le Wegovy® (sémaglutide 2,4 mg) et le Saxenda® (liraglutide 3 mg) sont à la charge complète du patient.
En revanche, dans le cadre du diabète de type 2, le remboursement à 30 % est possible (Ozempic®, Trulicity®, Victoza®), à condition de respecter les ITR. Depuis février 2025, l’indemnisation de ces médicaments demande le renseignement d’un formulaire numérique qui doit préciser :
- L’âge du patient
- L’existence ou non d’un diabète de type 2
- Si la prescription est faite en monothérapie ou en association avec d’autres antidiabétiques
Ce dispositif vise à :
- Protéger des effets indésirables potentiellement graves
- Éviter le mésusage (on estime qu’un tiers des remboursements actuels sont hors indications remboursables)
- Prévenir les tensions d’approvisionnement qui pénalisent les patients diabétiques
Pour en savoir plus consulter le site de l’assurance maladie.