Location de tire-lait : guide pratique
L’allaitement par tire-lait
La prescription de tire-lait intervient dans plusieurs contextes cliniques : prématurité, hospitalisation néonatale, troubles de la succion, induction de lactation, ou encore stimulation de la lactation en cas d’hypogalactie. Par ailleurs, le tire-lait facilite la conciliation entre allaitement et reprise du travail. « Il est fondamental de poser les bonnes questions : où en est l’allaitement, quel est l’état de santé de la maman et du nourrisson, quel est l’objectif de la location ? » rappelle Marion Ballangé, directrice des ventes de Lansinoh France. « Louer un tire-lait sans connaître les besoins de votre patiente, c’est comme vendre des lunettes sans vérifier la vue ! », complète Hélène Moritz, responsable commerciale de Distripharm.
Typologie des tire-laits : bien orienter la patiente
Tire lait Electrique Double 2-en-1 de Lansinoh
Il existe deux grands types de tire-laits :
- Les tire-laits électriques hospitaliers double pompage : puissants, ils sont conçus pour une stimulation maximale de la lactation. Ils sont recommandés dans les cas de prématurité, de naissance multiple, ou pour relancer une lactation affaiblie. Le double pompage simultané permet une expression plus rapide et plus efficace du lait.
- Les tire-laits électriques portables simple ou double pompage : nomades, ils répondent aux besoins des mères actives ou en reprise professionnelle.
Selon Marion Ballangé, « aujourd’hui, les tire-laits allient performance et mobilité, mais le contexte d’utilisation reste déterminant pour orienter le choix ». Autres critères techniques à vérifier : système fermé avec membrane barrière, cycles de succion modulables, type d’alimentation et niveau sonore.
La téterelle : un ajustement déterminant
Tire-lait Spectra S1 Professional de Distripharm
La taille de la téterelle influence la qualité de l’expression du lait et le confort maternel. « Il est essentiel de mesurer le diamètre du mamelon, idéalement après une tétée ; à défaut, il faut ajouter 1 à 2 mm » conseille Marion Ballangé. La taille peut évoluer en cours d’allaitement, nécessitant une vérification régulière. « Une mauvaise taille peut engendrer douleurs, crevasses ou réduire l’efficacité de l’expression du lait », prévient Hélène Moritz.
Transmission du bon usage lors de la délivrance
Il est indispensable d’expliquer le fonctionnement : montage, démontage, importance de la phase de stimulation initiale, entretien des accessoires. Côté nettoyage, « il est important de rappeler qu’un lavage à l’eau chaude savonneuse suivi d’un séchage à l’air libre est suffisant » souligne Marion Ballangé.
Adapter la puissance d’aspiration et les cycles
Un des éléments clés : le bon réglage de la puissance d’aspiration et des cycles de succion. La plupart des dispositifs proposent deux phases distinctes pour reproduire la succion naturelle du nourrisson : une phase de stimulation rapide pour déclencher le réflexe d’éjection du lait, suivie d’une phase d’expression plus lente et plus profonde pour maximiser le volume recueilli. Il est recommandé de commencer par une aspiration faible avec une fréquence élevée, puis, dès que l’éjection du lait est amorcée, de réduire la fréquence et d’augmenter progressivement la puissance jusqu’à atteindre un niveau confortable pour la maman. En cas de faible expression ou de douleurs, il convient de contrôler la taille de la téterelle, de vérifier la puissance du dispositif (exprimée en mmHg) – qui doit atteindre au minimum 250 mmHg en double pompage pour stimuler efficacement une lactation -, mais aussi d’interroger la maman sur son état de fatigue, son hydratation ou son moral. « Beaucoup de mères tirent leur lait pour la première fois, et un manque d’explication peut entraîner une mauvaise utilisation, du stress, voire un abandon prématuré de la location », insiste Hélène Moritz.
Les pièges à éviter
Malgré les bonnes pratiques, certains écueils doivent être systématiquement évités pour garantir un accompagnement optimal :
- Proposer un tire-lait sans avoir évalué le contexte d’allaitement de la patiente.
- Négliger la mesure du mamelon et délivrer une téterelle de taille standard par défaut.
- Omettre de vérifier la puissance d’aspiration nécessaire, notamment en cas d’initiation ou de relance de lactation.
- Négliger les conseils d’entretien du matériel et de conservation du lait exprimé.
Sous-estimer l’impact du vécu émotionnel de la mère sur sa production lactée. « La maman vient chercher un conseil personnalisé, une écoute bienveillante et un contact humain. Elle peut lire la notice seule, mais attend que vous traduisiez l’information selon sa situation », rappelle Hélène Moritz. « En s’impliquant dans l’accompagnement post-natal, le pharmacien devient une référence locale. »