Acupan en comprimé : Biocodex passe enfin à l’oral !

Une forme orale longtemps absente

Le néfopam, molécule de synthèse issue des recherches de Roche dans les années 1960, est connu pour ses propriétés antalgiques sans action anti-inflammatoire ni effet morphinomimétique. Commercialisé depuis des décennies en injectable sous le nom Acupan® (Biocodex), il était jusqu’à récemment absent du marché oral, malgré l’existence d’une AMM délivrée dès 1980 pour une forme comprimé… jamais exploitée.

Le lancement en mai 2025 d’Acupan® comprimé 30 mg (CIP 34009 366 518 3 5) marque donc une première pour le laboratoire Biocodex, mais pas pour la molécule elle-même.

Deux ans après le générique

C’est Panpharma qui, en 2023, avait ouvert la voie avec Néfopam Panpharma 30 mg comprimé pelliculé, premier médicament de ce type mis sur le marché en France. Le générique avait comblé un vide clinique, permettant la prescription orale en ville d’un antalgique intermédiaire, principalement en relais post-opératoire ou en alternative au tramadol.

Le princeps arrive donc avec deux ans de décalage, dans un contexte où la molécule est désormais bien connue des prescripteurs hospitaliers comme libéraux. Il reprend une posologie classique :

1 à 2 comprimés dès les premières douleurs, puis 1 comprimé à la demande sans dépasser 6 comprimés par jour.

Indication, remboursement et statut

Comme l’injectable, Acupan® comprimé est indiqué dans les douleurs aiguës d’intensité modérée à sévère, en particulier post-opératoires. Il est strictement non recommandé dans les douleurs chroniques. La spécialité est remboursée à 30 %, classée en liste II, et soumise à une prescription médicale obligatoire non renouvelable (PMNR).

Elle est contre-indiquée chez l’enfant de moins de 15 ans, chez les patients ayant des antécédents de convulsions ou atteints de glaucome à angle fermé, et chez les conducteurs en raison du risque de somnolence.

Un profil particulier : ni AINS, ni opioïde

Le néfopam agit via une inhibition centrale de la recapture de la sérotonine, de la dopamine et de la noradrénaline, et pourrait moduler les canaux calciques. Il n’a aucun effet anti-inflammatoire, aucun effet périphérique, et n’induit pas de dépression respiratoire. Toutefois, des cas de nausées, tachycardie, confusion, hallucinations et convulsions sont rapportés, justifiant une prescription courte et bien encadrée.

La molécule peut provoquer une tolérance et des symptômes de sevrage si administrée de manière prolongée, ce qui en limite aussi l’intérêt dans les douleurs rebelles chroniques.